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Pâques 1916

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  2. Pâques 1916
30.10.2015 Translation Category Essay Language: French

Author: Marion Naugrette-Fournier

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Easter 1916

 

I have met them at close of day

Coming with vivid faces

From counter or desk among grey

Eighteenth-century houses.

I have passed with a nod of the head

Or polite meaningless words,

Or have lingered awhile and said

Polite meaningless words,

And thought before I had done

Of a mocking tale or a gibe

To please a companion

Around the fire at the club,

Being certain that they and I

But lived where motley is worn:

All changed, changed utterly:

A terrible beauty is born.

 

That woman's days were spent

In ignorant good-will,

Her nights in argument

Until her voice grew shrill.

What voice more sweet than hers

When, young and beautiful,

She rode to harriers?

This man had kept a school

And rode our wingèd horse;

This other his helper and friend

Was coming into his force;

He might have won fame in the end,

So sensitive his nature seemed,

So daring and sweet his thought.

This other man I had dreamed

A drunken, vainglorious lout.

He had done most bitter wrong

To some who are near my heart,

Yet I number him in the song;

He, too, has resigned his part

In the casual comedy;

He, too, has been changed in his turn,

Transformed utterly:

A terrible beauty is born.

 

Hearts with one purpose alone

Through summer and winter seem

Enchanted to a stone

To trouble the living stream.

The horse that comes from the road.

The rider, the birds that range

From cloud to tumbling cloud,

Minute by minute they change;

A shadow of cloud on the stream

Changes minute by minute;

A horse-hoof slides on the brim,

And a horse plashes within it;

The long-legged moor-hens dive,

And hens to moor-cocks call;

Minute by minute they live:

The stone's in the midst of all.

 

Too long a sacrifice

Can make a stone of the heart.

O when may it suffice?

That is Heaven's part, our part

To murmur name upon name,

As a mother names her child

When sleep at last has come

On limbs that had run wild.

What is it but nightfall?

No, no, not night but death;

Was it needless death after all?

For England may keep faith

For all that is done and said.

We know their dream; enough

To know they dreamed and are dead;

And what if excess of love

Bewildered them till they died?

I write it out in a verse –

MacDonagh and MacBride

And Connolly and Pearse

Now and in time to be,

Wherever green is worn,

Are changed, changed utterly:

A terrible beauty is born.

                September 25, 1916

Pâques 1916

 

Je les ai rencontrés à la tombée du jour

Qui venaient le visage éclatant

De leur comptoir ou de leur bureau parmi les grises

Maisons du dix-huitième siècle.

Je suis passé avec un signe de tête

Ou des mots de courtoisie insignifiants,

Ou me suis attardé un instant et prononcé

Des mots de courtoisie insignifiants,

Et me sont venus à l’idée avant même d’avoir fini

Un conte moqueur ou un sarcasme

Pour divertir un compagnon

Au club, autour du feu,

Certain qu’eux et moi

Etions du même monde bigarré de la comédie :

Tout est changé, changé du tout au tout :

Une beauté terrible est née.

 

De cette femme les jours se passaient

Dans une insouciante ardeur,

Ses nuits dans la dispute

Tant et si bien que sa voix s’en faisait stridente.

Quelle voix plus douce que la sienne

Quand jeune et belle,

Elle chassait avec la meute?

Cet homme avait tenu une école

Et monté notre cheval ailé ;

Cet autre, son allié et ami,

Arrivait à la force de l’âge ;

A la fin il aurait pu gagner la gloire,

Tant sa nature semblait sensible,

Sa pensée fine et audacieuse.

Cet autre-là, je l’avais imaginé

En butor soûl et orgueilleux.

Il avait causé un tort des plus cruels

A des êtres qui me sont chers,

Cependant je le compte dans mon chant ;

Lui aussi a renoncé à son rôle

Dans cette comédie dérisoire ;

Lui aussi a été changé à son tour,

Changé du tout au tout :

Une beauté terrible est née.

 

Des cœurs mus par un seul dessein

Eté comme hiver semblent

Par magie changés en une pierre

Qui trouble le ruisseau de la vie.

Le cheval qui vient de la route,

Le cavalier, les oiseaux qui vagabondent

De nuage en nuage enchevêtrés,

De minute en minute changent;

L’ombre d’un nuage sur le ruisseau

De minute en minute change ;

Le sabot d’un cheval glisse sur le bord,

Et le cheval s’y éclabousse ;

Les poules d’eau aux longues pattes plongent,

Et les poules appellent les grouses[1] mâles ;

Ils vivent dans la minute :

La pierre est au milieu de tous.

 

Un sacrifice trop long

D’un cœur peut faire pierre.

O quand cela fera-t-il assez ?

C’est le rôle du Ciel ; le nôtre

Est de murmurer nom après nom,

Comme une mère de son enfant dit le nom

Quand le sommeil s’est enfin déposé

Sur ses membres agités.

Qu’est-ce sinon la tombée de la nuit ?

Non, non point la nuit mais la mort ;

Etait-ce après tout une mort inutile ?

Car il se peut que l’Angleterre tienne sa promesse

Malgré tout ce qui a été fait et dit.

Nous savons leur rêve ; c’en est assez

De savoir qu’ils ont rêvé et sont morts ;

Et si jamais un excès d’amour

Les avait aveuglés au point de les mener à la mort ?

Je l’écris dans un même poème—

MacDonagh et MacBride

Et Connolly et Pearse

Maintenant et à jamais,

Là où l’on porte le vert,

Sont changés, changés du tout au tout :

Une beauté terrible est née.

 

25 septembre 1916

 

[1]« Moorcock » : la traduction scientifique en français pour cet oiseau est « le lagopède d’Ecosse » (lagopus lagopus scotica) ou « lagopède des saules » (lagopus lagopus), plus connu sous le nom de « grouse ». Nous avons ici choisi de traduire « moorcock » par « grouse » pour des raisons d’euphonie évidentes.

 

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Easter 1916

 

I have met them at close of day

Coming with vivid faces

From counter or desk among grey

Eighteenth-century houses.

I have passed with a nod of the head

Or polite meaningless words,

Or have lingered awhile and said

Polite meaningless words,

And thought before I had done

Of a mocking tale or a gibe

To please a companion

Around the fire at the club,

Being certain that they and I

But lived where motley is worn:

All changed, changed utterly:

A terrible beauty is born.

 

That woman's days were spent

In ignorant good-will,

Her nights in argument

Until her voice grew shrill.

What voice more sweet than hers

When, young and beautiful,

She rode to harriers?

This man had kept a school

And rode our wingèd horse;

This other his helper and friend

Was coming into his force;

He might have won fame in the end,

So sensitive his nature seemed,

So daring and sweet his thought.

This other man I had dreamed

A drunken, vainglorious lout.

He had done most bitter wrong

To some who are near my heart,

Yet I number him in the song;

He, too, has resigned his part

In the casual comedy;

He, too, has been changed in his turn,

Transformed utterly:

A terrible beauty is born.

 

Hearts with one purpose alone

Through summer and winter seem

Enchanted to a stone

To trouble the living stream.

The horse that comes from the road.

The rider, the birds that range

From cloud to tumbling cloud,

Minute by minute they change;

A shadow of cloud on the stream

Changes minute by minute;

A horse-hoof slides on the brim,

And a horse plashes within it;

The long-legged moor-hens dive,

And hens to moor-cocks call;

Minute by minute they live:

The stone's in the midst of all.

 

Too long a sacrifice

Can make a stone of the heart.

O when may it suffice?

That is Heaven's part, our part

To murmur name upon name,

As a mother names her child

When sleep at last has come

On limbs that had run wild.

What is it but nightfall?

No, no, not night but death;

Was it needless death after all?

For England may keep faith

For all that is done and said.

We know their dream; enough

To know they dreamed and are dead;

And what if excess of love

Bewildered them till they died?

I write it out in a verse –

MacDonagh and MacBride

And Connolly and Pearse

Now and in time to be,

Wherever green is worn,

Are changed, changed utterly:

A terrible beauty is born.

                September 25, 1916

Pâques 1916

 

Je les ai rencontrés à la tombée du jour

Qui venaient le visage éclatant

De leur comptoir ou de leur bureau parmi les grises

Maisons du dix-huitième siècle.

Je suis passé avec un signe de tête

Ou des mots de courtoisie insignifiants,

Ou me suis attardé un instant et prononcé

Des mots de courtoisie insignifiants,

Et me sont venus à l’idée avant même d’avoir fini

Un conte moqueur ou un sarcasme

Pour divertir un compagnon

Au club, autour du feu,

Certain qu’eux et moi

Etions du même monde bigarré de la comédie :

Tout est changé, changé du tout au tout :

Une beauté terrible est née.

 

De cette femme les jours se passaient

Dans une insouciante ardeur,

Ses nuits dans la dispute

Tant et si bien que sa voix s’en faisait stridente.

Quelle voix plus douce que la sienne

Quand jeune et belle,

Elle chassait avec la meute?

Cet homme avait tenu une école

Et monté notre cheval ailé ;

Cet autre, son allié et ami,

Arrivait à la force de l’âge ;

A la fin il aurait pu gagner la gloire,

Tant sa nature semblait sensible,

Sa pensée fine et audacieuse.

Cet autre-là, je l’avais imaginé

En butor soûl et orgueilleux.

Il avait causé un tort des plus cruels

A des êtres qui me sont chers,

Cependant je le compte dans mon chant ;

Lui aussi a renoncé à son rôle

Dans cette comédie dérisoire ;

Lui aussi a été changé à son tour,

Changé du tout au tout :

Une beauté terrible est née.

 

Des cœurs mus par un seul dessein

Eté comme hiver semblent

Par magie changés en une pierre

Qui trouble le ruisseau de la vie.

Le cheval qui vient de la route,

Le cavalier, les oiseaux qui vagabondent

De nuage en nuage enchevêtrés,

De minute en minute changent;

L’ombre d’un nuage sur le ruisseau

De minute en minute change ;

Le sabot d’un cheval glisse sur le bord,

Et le cheval s’y éclabousse ;

Les poules d’eau aux longues pattes plongent,

Et les poules appellent les grouses[1] mâles ;

Ils vivent dans la minute :

La pierre est au milieu de tous.

 

Un sacrifice trop long

D’un cœur peut faire pierre.

O quand cela fera-t-il assez ?

C’est le rôle du Ciel ; le nôtre

Est de murmurer nom après nom,

Comme une mère de son enfant dit le nom

Quand le sommeil s’est enfin déposé

Sur ses membres agités.

Qu’est-ce sinon la tombée de la nuit ?

Non, non point la nuit mais la mort ;

Etait-ce après tout une mort inutile ?

Car il se peut que l’Angleterre tienne sa promesse

Malgré tout ce qui a été fait et dit.

Nous savons leur rêve ; c’en est assez

De savoir qu’ils ont rêvé et sont morts ;

Et si jamais un excès d’amour

Les avait aveuglés au point de les mener à la mort ?

Je l’écris dans un même poème—

MacDonagh et MacBride

Et Connolly et Pearse

Maintenant et à jamais,

Là où l’on porte le vert,

Sont changés, changés du tout au tout :

Une beauté terrible est née.

 

25 septembre 1916

 

[1]« Moorcock » : la traduction scientifique en français pour cet oiseau est « le lagopède d’Ecosse » (lagopus lagopus scotica) ou « lagopède des saules » (lagopus lagopus), plus connu sous le nom de « grouse ». Nous avons ici choisi de traduire « moorcock » par « grouse » pour des raisons d’euphonie évidentes.

 

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