The Tower
I
What shall I do with this absurdity –
O heart, O troubled heart – this caricature,
Decrepit age that has been tied to me
As to a dog's tail?
Never had I more
Excited, passionate, fantastical
Imagination, nor an ear and eye
That more expected the impossible –
No, not in boyhood when with rod and fly,
Or the humbler worm, I climbed Ben Bulben's back
And had the livelong summer day to spend.
It seems that I must bid the Muse go pack,
Choose Plato and Plotinus for a friend
Until imagination, ear and eye,
Can be content with argument and deal
In abstract things; or be derided by
A sort of battered kettle at the heel.
III
It is time that I wrote my will;
I choose upstanding men
That climb the streams until
The fountain leap, and at dawn
Drop their cast at the side
Of dripping stone; I declare
They shall inherit my pride,
The pride of people that were
Bound neither to Cause nor to State.
Neither to slaves that were spat on,
Nor to the tyrants that spat,
The people of Burke and of Grattan
That gave, though free to refuse –
Pride, like that of the morn,
When the headlong light is loose,
Or that of the fabulous horn,
Or that of the sudden shower
When all streams are dry,
Or that of the hour
When the swan must fix his eye
Upon a fading gleam,
Float out upon a long
Last reach of glittering stream
And there sing his last song.
And I declare my faith:
I mock Plotinus' thought
And cry in Plato's teeth,
Death and life were not
Till man made up the whole,
Made lock, stock and barrel
Out of his bitter soul,
Aye, sun and moon and star, all,
And further add to that
That, being dead, we rise,
Dream and so create
Translunar paradise.
I have prepared my peace
With learned Italian things
And the proud stones of Greece,
Poet's imaginings
And memories of love,
Memories of the words of women,
All those things whereof
Man makes a superhuman,
Mirror-resembling dream.
As at the loophole there
The daws chatter and scream,
And drop twigs layer upon layer.
When they have mounted up,
The mother bird will rest
On their hollow top,
And so warm her wild nest.
I leave both faith and pride
To young upstanding men
Climbing the mountain-side,
That under bursting dawn
They may drop a fly;
Being of that metal made
Till it was broken by
This sedentary trade.
Now shall I make my soul,
Compelling it to study
In a learned school
Till the wreck of body,
Slow decay of blood,
Testy delirium
Or dull decrepitude,
Or what worse evil come –
The death of friends, or death
Of every brilliant eye
That made a catch in the breath –
Seem but the clouds of the sky
When the horizon fades,
Or a bird's sleepy cry
Among the deepening shades.
La Tour
I
Que vais-je faire de cette absurdité—
O cœur, ô cœur troublé—de cette caricature,
L’âge de la décrépitude qui m’a été attaché
Comme à la queue d’un chien ?
Jamais je n’ai eu
L’imagination plus excitée, passionnée, fantasque
Ou l’oreille et l’œil plus ouverts à l’impossible—
Non, même dans ma jeunesse quand avec la canne et la mouche,
Ou plus modestement le vers, je grimpais les flancs de Ben Bulben
Et avais devant moi l’éternité d’un jour d’été.
Il semble que je doive dire à la Muse de plier bagage,
De choisir Platon ou Plotin pour ami
Jusqu’à ce que l’imagination, l’oreille et l’œil
Trouvent leur contentement dans l’argument et se soucient
Des choses abstraites; ou soient tournés en dérision
Par une sorte de bouilloire à l’anse usée.
III
Il est temps pour moi d’écrire mon testament ;
Je choisis des hommes intègres
Qui remontent les rivières jusqu’au point
Où la fontaine déborde, et à l’aube
Lancent leurs lignes non loin
De la pierre ruisselante ; je déclare
Qu’ils hériteront de ma fierté,
La fierté de ceux qui ne furent liés
Ni à la Cause ni à l’Etat,
Ni aux esclaves qui étaient crachés dessus,
Ni aux tyrans qui crachaient,
Ceux-là mêmes héritiers de Burke et de Grattan
Qui donnèrent, alors même qu’ils étaient libres de refuser,
La fierté, semblable à celle du matin,
Lorsque le tout premier rayon de lumière s’échappe,
Ou à celle de la corne miraculeuse,
Ou à celle de l’ondée soudaine
Lorsque tous les ruisseaux sont secs,
Ou à celle de l’heure
Où le cygne doit fixer du regard
Un reflet se mourant,
Se laisser dériver le long
D’une dernière étendue d’eau miroitante
Pour y chanter son dernier chant.
Et je déclare mon credo :
Je me moque de la pensée de Plotin
Et m’insurge contre Platon ;
La vie et la mort n’existaient pas
Tant que l’homme ne les avait pas réconciliées,
Qu’il n’avait pas tout créé
De l’amertume de son âme,
Oui, le soleil et la lune et les étoiles, tout,
Et rajoutez à cela
Que, même morts, nous ressuscitons,
Rêvons et ainsi créons
Le paradis céleste.
Je suis prêt à faire la paix
Avec toutes choses italiennes érudites
Et les pierres hautaines de Grèce,
Les rêveries du poète
Et les souvenirs de l’amour,
Les souvenirs des mots des femmes,
Toutes choses
Que l’homme transforme
En un rêve,
Surhumain et à sa propre image.
De même que dans les ouvertures
Les choucas jacassent et poussent des cris,
Et font tomber des brindilles empilées les unes
Sur les autres.
Lorsqu’elles seront suffisamment accumulées,
La mère oiseau se nichera
Sur leur sommet évasé,
Et ainsi tiendra chaud à son nid sauvage.
Je laisse ma fierté et mon credo
A de jeunes hommes intègres
Qui grimpent le flanc de la montagne ;
Qu’ils puissent lorsque l’aube éclate
Laisser choir leur mouche ;
Etant fait de ce même bois
Avant qu’il ne se soit fendu sous le poids
De cet art sédentaire.
A présent je m’en vais façonner mon âme,
Lui imposant d’étudier
Dans quelque école érudite
Jusqu’à ce que le naufrage du corps,
Le lent déclin du sang,
La démence irritable
Ou la morne décrépitude,
Ou quelque mal plus redoutable encore,
La mort des amis, ou la mort
De tout regard étincelant
A en couper le souffle,
Oui, jusqu’à ce que tout cela ne soit plus
Que nuages dans le ciel lorsque l’horizon s’évanouit,
Ou le cri endormi d’un oiseau
Parmi les ombres qui s’épaississent.
The Tower
I
What shall I do with this absurdity –
O heart, O troubled heart – this caricature,
Decrepit age that has been tied to me
As to a dog's tail?
Never had I more
Excited, passionate, fantastical
Imagination, nor an ear and eye
That more expected the impossible –
No, not in boyhood when with rod and fly,
Or the humbler worm, I climbed Ben Bulben's back
And had the livelong summer day to spend.
It seems that I must bid the Muse go pack,
Choose Plato and Plotinus for a friend
Until imagination, ear and eye,
Can be content with argument and deal
In abstract things; or be derided by
A sort of battered kettle at the heel.
III
It is time that I wrote my will;
I choose upstanding men
That climb the streams until
The fountain leap, and at dawn
Drop their cast at the side
Of dripping stone; I declare
They shall inherit my pride,
The pride of people that were
Bound neither to Cause nor to State.
Neither to slaves that were spat on,
Nor to the tyrants that spat,
The people of Burke and of Grattan
That gave, though free to refuse –
Pride, like that of the morn,
When the headlong light is loose,
Or that of the fabulous horn,
Or that of the sudden shower
When all streams are dry,
Or that of the hour
When the swan must fix his eye
Upon a fading gleam,
Float out upon a long
Last reach of glittering stream
And there sing his last song.
And I declare my faith:
I mock Plotinus' thought
And cry in Plato's teeth,
Death and life were not
Till man made up the whole,
Made lock, stock and barrel
Out of his bitter soul,
Aye, sun and moon and star, all,
And further add to that
That, being dead, we rise,
Dream and so create
Translunar paradise.
I have prepared my peace
With learned Italian things
And the proud stones of Greece,
Poet's imaginings
And memories of love,
Memories of the words of women,
All those things whereof
Man makes a superhuman,
Mirror-resembling dream.
As at the loophole there
The daws chatter and scream,
And drop twigs layer upon layer.
When they have mounted up,
The mother bird will rest
On their hollow top,
And so warm her wild nest.
I leave both faith and pride
To young upstanding men
Climbing the mountain-side,
That under bursting dawn
They may drop a fly;
Being of that metal made
Till it was broken by
This sedentary trade.
Now shall I make my soul,
Compelling it to study
In a learned school
Till the wreck of body,
Slow decay of blood,
Testy delirium
Or dull decrepitude,
Or what worse evil come –
The death of friends, or death
Of every brilliant eye
That made a catch in the breath –
Seem but the clouds of the sky
When the horizon fades,
Or a bird's sleepy cry
Among the deepening shades.
La Tour
I
Que vais-je faire de cette absurdité—
O cœur, ô cœur troublé—de cette caricature,
L’âge de la décrépitude qui m’a été attaché
Comme à la queue d’un chien ?
Jamais je n’ai eu
L’imagination plus excitée, passionnée, fantasque
Ou l’oreille et l’œil plus ouverts à l’impossible—
Non, même dans ma jeunesse quand avec la canne et la mouche,
Ou plus modestement le vers, je grimpais les flancs de Ben Bulben
Et avais devant moi l’éternité d’un jour d’été.
Il semble que je doive dire à la Muse de plier bagage,
De choisir Platon ou Plotin pour ami
Jusqu’à ce que l’imagination, l’oreille et l’œil
Trouvent leur contentement dans l’argument et se soucient
Des choses abstraites; ou soient tournés en dérision
Par une sorte de bouilloire à l’anse usée.
III
Il est temps pour moi d’écrire mon testament ;
Je choisis des hommes intègres
Qui remontent les rivières jusqu’au point
Où la fontaine déborde, et à l’aube
Lancent leurs lignes non loin
De la pierre ruisselante ; je déclare
Qu’ils hériteront de ma fierté,
La fierté de ceux qui ne furent liés
Ni à la Cause ni à l’Etat,
Ni aux esclaves qui étaient crachés dessus,
Ni aux tyrans qui crachaient,
Ceux-là mêmes héritiers de Burke et de Grattan
Qui donnèrent, alors même qu’ils étaient libres de refuser,
La fierté, semblable à celle du matin,
Lorsque le tout premier rayon de lumière s’échappe,
Ou à celle de la corne miraculeuse,
Ou à celle de l’ondée soudaine
Lorsque tous les ruisseaux sont secs,
Ou à celle de l’heure
Où le cygne doit fixer du regard
Un reflet se mourant,
Se laisser dériver le long
D’une dernière étendue d’eau miroitante
Pour y chanter son dernier chant.
Et je déclare mon credo :
Je me moque de la pensée de Plotin
Et m’insurge contre Platon ;
La vie et la mort n’existaient pas
Tant que l’homme ne les avait pas réconciliées,
Qu’il n’avait pas tout créé
De l’amertume de son âme,
Oui, le soleil et la lune et les étoiles, tout,
Et rajoutez à cela
Que, même morts, nous ressuscitons,
Rêvons et ainsi créons
Le paradis céleste.
Je suis prêt à faire la paix
Avec toutes choses italiennes érudites
Et les pierres hautaines de Grèce,
Les rêveries du poète
Et les souvenirs de l’amour,
Les souvenirs des mots des femmes,
Toutes choses
Que l’homme transforme
En un rêve,
Surhumain et à sa propre image.
De même que dans les ouvertures
Les choucas jacassent et poussent des cris,
Et font tomber des brindilles empilées les unes
Sur les autres.
Lorsqu’elles seront suffisamment accumulées,
La mère oiseau se nichera
Sur leur sommet évasé,
Et ainsi tiendra chaud à son nid sauvage.
Je laisse ma fierté et mon credo
A de jeunes hommes intègres
Qui grimpent le flanc de la montagne ;
Qu’ils puissent lorsque l’aube éclate
Laisser choir leur mouche ;
Etant fait de ce même bois
Avant qu’il ne se soit fendu sous le poids
De cet art sédentaire.
A présent je m’en vais façonner mon âme,
Lui imposant d’étudier
Dans quelque école érudite
Jusqu’à ce que le naufrage du corps,
Le lent déclin du sang,
La démence irritable
Ou la morne décrépitude,
Ou quelque mal plus redoutable encore,
La mort des amis, ou la mort
De tout regard étincelant
A en couper le souffle,
Oui, jusqu’à ce que tout cela ne soit plus
Que nuages dans le ciel lorsque l’horizon s’évanouit,
Ou le cri endormi d’un oiseau
Parmi les ombres qui s’épaississent.